Lise Pichette laisse un riche héritage au monde des arts et de la culture
Source
Madeleine Perron, directrice générale
Conseil de la culture de l'Abitibi-Témiscamingue
Le milieu théâtral de Rouyn-Noranda et de l’Abitibi-Témiscamingue est profondément attristé du décès de Lise Pichette, cofondatrice et directrice artistique du Petit Théâtre du Vieux Noranda. En elle, il perd une artiste aussi engagée que talentueuse et une bâtisseuse qui fut l’une des premières à revendiquer le droit de vivre de son art ici, pavant ainsi la voie à la remarquable vitalité que l’on observe actuellement en arts et culture. En font foi ces mots devenus très tôt son leitmotiv : « Nous renonçons à l’exil car nous croyons que chaque territoire a une parole et c’est ce qui nous lie ».
Depuis 40 ans, tous les métiers du théâtre l’ont intéressée (jeu, adaptation, mise en scène, direction artistique) et toutes les formes d’expression l’ont interpellée (théâtre de création et de répertoire, créations collectives, théâtre d’intervention, chant, improvisation). C’est au début des années 1970 que ses talents de comédienne sont révélés alors qu’étudiante au Cégep de l’Abitibi-Témiscamingue, elle se signale dans des pièces de Michel Tremblay (Faut-il pleurer, faut-il en rire? À toi pour toujours ta Marie-Lou).
Elle est de la grande aventure du Théâtre de Coppe, puis de celle de la troupe Les Zybrides, dont elle est l’une des cofondatrices. L’auteure Jeanne-Mance Delisle trouve en elle une interprète sensible et vibrante quand, en 1974 et âgée de 22 ans seulement, elle s’approprie comme aucune autre le monologue Y est midi Pierrette, ce qui inaugure une fructueuse collaboration entre les deux artistes. On verra d’ailleurs Les Zybrides créer l’intégralité de l’œuvre de Jeanne-Mance Delisle (Un reel ben beau ben triste, Un oiseau vivant dans la gueule, Singapour Sling, Le souper du Roi I et II).
Sa longue feuille de route aligne une cinquantaine de projets où elle s’implique à divers titres, avec une énergie et un enthousiasme inaltérables, toujours animée du désir d’être utile à sa communauté et de préparer la relève. La pièce Juliette et Victorin, présentée au Petit Théâtre du Vieux Noranda à l’automne 2013, compte parmi ses plus récentes réalisations (idée originale et direction artistique). Et c’est sans doute en 2012 qu’elle foule la scène pour une dernière fois alors que Jacques Marchand lui confie la lecture du texte La cantate nordique lors du concert gala qui célèbre les 25 ans de l’Orchestre symphonique régional. Une collaboration que cette mélomane si bien enracinée dans ce territoire abitibien accepte avec ravissement.
Des rôles inoubliables lui survivront. Des lieux également. D’abord, le Cabaret de la dernière chance auquel elle fut associée dès la première heure. Et le Petit Théâtre du Vieux Noranda, dont elle a su détecter tout le potentiel en l’engageant sur la voie du développement en tant que lieu de création, production et diffusion en arts de la scène.
C’est avec beaucoup de respect, d’amitié et de reconnaissance que le Conseil de la culture de l’Abitibi-Témiscamingue salue et remercie l’une de ses grandes artistes. Nous pourrons lui dire au revoir à la Résidence funéraire de l’Abitibi-Témiscamingue (rue Reilly), mercredi 29 octobre (19 h à 22 h) et jeudi 30 octobre (10 h à 13 h 30). La Cathédrale St-Joseph (rue Gamble) accueillera la cérémonie d’adieu, jeudi à 14 h.