« Les vampires sont fatigués de se cacher. » — Guillaume B.B. Quelle histoire nous raconte-t-on? Un récit de science-fiction mis en scène dans un interstice où flotte une odeur d’œufs bouillis. Des dentiers de vampire, des prothèses, des faux ongles en tie-wraps; une accumulation d’indices; des textes, des dessins, des objets. C’est beaucoup. Guillaume B.B. est fatiguée. Comment travailler avec un imaginaire surpeuplé et une énergie réduite au quotidien? À travers la performance, l’artiste queer incarne la posture du vampire. Les vampires héritent d’un dilemme : iels sont morts, mais iels restent en vie pour toujours. Ces êtres non humains peuplent la terre. Iels œuvrent en famille, tissent des liens de filiation. Iels évoluent en marge, à la manière des champignons, des oiseaux, des bactéries ou de Guillaume B.B., qui pose une main sur sa poitrine en disant : « Je veux créer un espace pour moi de transformation. » La collaboration a sauvé sa création. Dans Give Me a Fucking Break, elle invite ses ami-e-s Alegría Gobeil et Ariane Gagné à la rejoindre pour se contaminer. Comment naissent les parentés artistiques? Qui a fait quoi? En tentant de le découvrir, on est floué. Guillaume B.B. a étudié en arts visuels, mais elle écrit de la poésie, fait du son, danse, tout ce qu’elle ne devrait pas faire, entre guillemets. Elle rate ses performances, elle est improductive, non virtuose, négligente. « Je pourrais toujours prendre plus soin de moi, parce que c’est ça que les gens demanderaient de moi. »